"Il faut avoir encore quelques chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse." F. Nietzsche


mardi 15 décembre 2009

Une journée à peu près motivante.



J’attendais que la musique retombe enfin sur un temps net et précis, après toutes ces envolées de sentiments que la solitude et le shit avaient emmenés trop loin. Une sorte de fond à toucher ou titiller pour retrouver la rage de vivre. Tant d’instants indicibles et qui pourtant martelaient mon âme avec une insistance indécente.

Bref...

Suite à un long débat intérieur plus ou moins conscient sur le caractère nécessaire de m’extirper du lit, je me décide.

Je me levais donc sur le coup de 8h et trop de minutes pour être à l’heure.
Je passais directement par la douche, le temps de découvrir sur le poêle à fuel que le thermomètre indiquait 5°C dans la cuisine et « la salle d’eau ».


Au moment de sortir de chez moi, je m’aperçois que le givre sur les vitres de la pièce que je n’utilise pas est gelé.
La voiture a subit le même sort, et je me retrouve à gratter le pare-brise comme un couillon en retard.

Ya des jours qui commencent comme des convulsions !


20 minutes plus tard j’arrive enfin à la fac, avec une bonne demi-heure de retard et la ferme intention de tout de même passer prendre un café.

Mon stock personnel de cette denrée si précieuse à ceux qui ne se réveillent jamais vraiment qu’à une heure toujours trop indéterminée ne s’était en effet toujours pas renfloué tout seul.

Café dégueulasse en main et deux étages plus tard, j’arrive donc à la rencontre des autres.

Je découvre que le prof n’est pas là, qu’il n’y aura pas cours ce matin, qu’il faut trouver à vivre jusqu’à l’après-midi.

Encore une fois, trouver à vivre.

A croire que l'éternel combat ne gel pas, lui.

C’est pas le jus de chaussette qui pendait dans mon gobelet qui allait m’aider.

La vie a parfois de ces petits coups de pute qui font douter de la non existence de Dieu.

Par chance, le long solo m’avait fait atterrir, nous n’étions plus hier, et je n’angoissais plus mécaniquement de devoir me confronter au vide du temps qui trouve toujours le moyen de se diviser en de toujours plus petites parties pour te noyer dans le vide et ne jamais finir.
Cette fois, j’avais à qui parler, avec qui partager, j’avais en vie de passer des moments avec des gens, j’étais envie pour une fois depuis ces derniers temps.


Au détour des allées de la BU, je me trouve à chercher un bouquin sur la photo. Je me laisse ainsi absorber dans une analyse philosophique de ce qu’est la photo, une réflexion tordue difficile à approcher.

Je suis déjà parti assez loin quand mon portable me surprend à vibrer.

Il a lui aussi la fâcheuse tendance à me rappeler de son foutu silence que le lien qu’il est sensé m’apporter avec « les autres » ne se tisse pas de lui-même.

Alors quand il me montre qu’il existe, c’est toujours un choc.

Et merde, ça doit être le proprio qui me rappelle pour le loyer !

A moins que ce soit la caf ?

Non, A. !


A la vue de l’expéditrice du message je reste bloqué sur mon écran, incapable de bouger.

Ca fait maintenant trois semaines que nous avons coupé toute communication pour « faire le point », « une pause », dans notre relation qui pourtant était tellement évidente avant de ne plus être évidemment amoureuse.

6 mois sans sexe, ça baise un couple !

3 mois à s’éloigner douloureusement, et 3 semaines sans toi, ça m’a tué !

Mais là, tout seul face à mon petit écran je ne sais plus trop où j’en suis.


Pourquoi m’envoie-t-elle un message ?

Je ne m’imaginais pas reprendre « déjà » contact.

J’ai peur qu’elle ne me demande qu’un truc dont elle a vraiment besoin.

Je commençais à peine à remonter, merde !!!

J’ai peur de la perdre encore une nouvelle fois, ne serait-ce qu’un peu, que de nouveaux instants si infimes chacun, ne me plongent encore dans le vide infini.


Je me décide finalement au bout de quelques instants suspendus à ouvrir le message en question :

Un simple smiley qui me fait signe (wow) !

Je suis sur le cul.

La seule chose qu’elle m’envoie sans raison c’est un pauvre smiley qui me fait signe !!!!!

Je suis resté là comme un con pendant un quart d’heure, le cœur palpitant sans m'avouer pourquoi.

En vérité je ne t’en voulais pas vraiment, pas du tout même.

Je tâchais de rassembler mes esprits, trop habitués à me faire accepter ton absence.

En fait je t’aimais de m’avoir envoyé ce message incongru.

Je t’aimais de prendre enfin l’initiative dans ce merdier.

Je t’aimais tout simplement encore éperdument en cet instant tordu entre ton message et ma réponse, comme je n’ai jamais cessé de t’aimer.


Quelques smileys plus tard, toujours sans le moindre texte, je suis toujours aussi perdu.

Nous traversons « une pause ».

Je n’ai jamais cru aux « pauses ».

Par contre c’est plus fort que moi de laisser tomber.

C’est d’ailleurs pour ça qu’on a fait cette pause, pour arrêter de nous transformer malgré nous en simples amis.

Notre évidence avait cette beauté qu’on ne se permet pas de nier si rapidement.

Mais une frontière nous sépare désormais, et pour de longs mois encore.

Alors ...


J’aimerais tant te voir danser, et te jouer encore des airs de guitare !

Prendre le temps de trouver notre rythme, celui qui nous anime et nous fera tomber juste,

Après nos longs solos et au moment où il faut.

Je crois bien que la vie est un morceau de jazz !

Chacun part dans tous les sens, et parfois tu retombes en rythme, en suspens entre d'autres instants fuyant.



Un nouveau message m'arrive au moment où j’écris ce billet.

Au final, cette stupide journée aura été un long voyage digne des premières écoutes de « The end » un peu fracasse : tu ne sais pas trop où tu vas, mais ça a sa propre cohérence qui te fais rester scotché là, à vivre quelque chose qui te dépasse.