"Il faut avoir encore quelques chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse." F. Nietzsche


mardi 23 mars 2010

Assis dans une clairière

Assis dans une clairière, je pleurais un lutin mort, il ya 3 jours.

« Mais c’est moi, pourtant, qui gît là », me disais ce petit être, de tout son silence.

Je le contemplais pantois, chétif à souhait devant tant d’imperfections en un seul instant.
Impuissant, idiot, interdit.

« Pourquoi avait-il voulu mourir à cet instant ?
Mais pourquoi avait-il voulu mourir ?
Mais pourquoi le regardais-je, sans bouger ?
Mais qu’est-ce que je foutais, là ? …»

Alors une voix m’interrompit dans mon soliloque.
« Les incompréhensions jonchent le sol à la faveur des jours.
Parfois comme des pépites, parfois. »
Puis le vent se tût.

Seul un doux sifflement parvenait alors encore à mon âme.
Il ne me resta plus qu’à l’écouter, et à chanter sur ces airs de folie ce qu’il me restait de souffle au cœur.

samedi 13 mars 2010

Un beau rêve

Découvrez la playlist My baby left me avec Elvis Presley

Je me suis réveillé d’un beau rêve ce matin.

Nous partagions un moment digne d’un souvenir.
Rien à travestir pour être bien. Rien à étouffer pour faire semblant.
Seulement l’évidence, mais pour une fois enfin matérialisée.
L’évidence de toi, de ton sourire, de tes bras, ou de ton souffle dans mes oreilles. Cette évidence d’un souffle pénétrant mon âme langoureusement dans nos va-et-vient complices.
Pas même besoin d’une scène d’amour pour que pleinement nous soyons beaux dans l’instant.
Ta seule présence m’offrait dignement cette chaleur rassurante.

Je rêve de ces jours magnifiés que l’on veut croire beaux.
Je rêve de ton sourire dans mes bras qui serait là, à me réchauffer le cœur et l’âme.
Dans un brasier charmant, seule notre folie douce entretiendrait le secret des jours.
Nos souffles entremêlés n’auraient rien à expliquer pour se laisser mourir dans des baisers sans fin.

Je rêve enfin serein, prêt à m’enivrer de ce mirage délicat.

mardi 23 février 2010

Le vent soufflait d'Ouest

Hier, le vent soufflait d’Ouest.

On en sentait l’air iodé de la mer, pourtant trop loin d’ordinaire. Ce bon air me nourrissait, et me rappelait avec bonté le charme de ma presqu’île natale.

La journée s’est terminée avec cette petite sérénité des jours qui vous donnent à regarder l’horizon. Je sentais au fond de moi, ou du moins au milieu, que j’allais vers un abandon rassurant. J’enjambais une sorte de barrière mentale, sans trop avoir conscience d’où je mettais les pieds.
Mais peu m’importait car je voulais vivre.

Je me suis ainsi réveillé ce matin d’un sommeil qui jusqu’alors avait le respect de ne pas se rappeler à moi une fois les yeux ouverts. Je comprends maintenant pourquoi.
J’avais rêvé d’A. Non pas comme une évocation, une apparition ou une présence, mais bien d’elle. Je ne saurais pas vraiment me souvenir de ce qui s’est déroulé dans ce monde intérieur. Mais aujourd’hui j’ai ce bleu dans l’âme, marqué du sceau de mes rêves.

Incapable de me lever, seul l’arrêt automatique de la radio m’a poussé hors du lit, par résignation. Je ne pouvais pas revenir sur ce qui avait été rêvé. Je ne pouvais pas rêver autre chose. Je ne pouvais pas…

Debout alors dans ma chambre, ou plutôt assis, je prenais mon café dans l’espoir d’y trouver quelque chose qui me tire vers le jour qui vient. Mais je n’y ai trouvé que quelques sanglots, l’âme trop lasse de lutter contre la tristesse, décuvant durement du royaume des rêves.

Ce matin la moindre molécule sait me rappeler avec créativité tout ce qu’il y a derrière moi, à la manière de l’incantation de Noir Désir dans « Nous n’avons fait que fuir » :
« Puis des anciens charmes qui te remontent enfin du dernier des « je t’aime » ».

Toutes ces complicités que l’on construit au cours d’une histoire d’amour doivent-elles pour autant se déconstruire en sanglots ?

J’aimerais un jour ne plus avoir à pleurer.

Le vent d’Ouest ne souffle plus.

dimanche 21 février 2010

L'éclosion

Un flot me prenait, m’emportait… La sueur n’arrêtait pas mes pas. Je dansais fiévreusement, démesurément, pleinement. Je dansais comme on chante ! Je chantais comme on danse !

Un éloge aux cris premiers transportait mes veines, et tout suivait. L’adrénaline des folies douces noyait mes moindres pulsions coercitives. Plus RIEN ne me retenait d’exprimer mes envies. Celui que je tais d’ordinaire sournoisement était en ce jour sacré ma propre personne.
Je transpirais d’existence comme on pleurs d’habitude par désespoir.

Ces chants qui exultent à ma place chaque jour quand je m’enivre de musique, venaient chatouiller mes cordes vocales, raisonnant dans ma poitrine pour mieux faire vibrer mon âme. Le blues, la bossa nova, le jazz, la folk, la musique des Balkans, les chansons de Brel ou d’Aznavour, même le métal… tous ceux doux chants qui démangent chaque jour mes pulsions profondes et parlent un langage que seule mon âme semble comprendre sans m’initier, tous ces doux chants prenaient tournure en moi dans de somptueuses volutes sonores que les mouvements d’amis précieux magnifiaient de mille gestes exquis dans leurs danses. Si la beauté avait un nom, on aurait pu nommer ce jour.

Tous ces chants étaient miens. L’espace d’une transe je bourdonnais d’extase.

Mais ce jour n’est pas encore né. Et je ressens profondément que moi non plus.

Un jour j’éclorerai de moi-même, et ce jour aura un nom !

jeudi 18 février 2010

Contine

Pas même de contine à hurler au soleil quand le jour en vient à se lever.
De bon matin, m’en vais bosser.

Le chemin du travail, pourtant nouveau et accueillant, a toujours ce goût de déjà-vu des souvenirs pantelants. De ceux qu’on ramène derrière la conscience comme une mèche de cheveux désinvolte. Ne pas se voiler la face, juste la promener.

Ce matin je suis content et plein d’espoir.

La journée s’étire dans de vives courbatures mentales provoquées par le fait de travailler de nouveau. Mais peu m’importe, ce ne sont qu’efforts bénéfiques : j’ai une place dans cette structure fort sympathique, et mes collègues sont très gentils.

Et ce n’est pas la charmante jeune femme dont je partage pour quelques jours le bureau qui me poussera à dire le contraire. J’ai vu dans ses traits les vieux contes que je me racontais bien trop maladivement en ces temps où je me droguais aux espoirs idiots. Je me perdais dans ce monde de possibles dans lequel on se noie d’incartades en fausses pistes et que l’on remplit d’un trop plein de vide.

Je suis très émotif en ce moment. Je ressens à fleur de peau les écorchures des altercations urbaines anodines. Ces exutoires pour mes con-citadins sont pour moi des blessures que j’ai toujours du mal à soigner. L’indifférence me ronge quand elle ne trouve que la haine gratuite pour ne pas s’avouer.

Puis soudain, un bourdonnement d’émotions résonne comme une illusion perdue.
Au milieu de la rue ou serait-ce au bureau, une perruque tombe de la conscience.
Le temps ne s’arrête pas, il ramollit.
Une vague contine, ou ne serait-ce que des mots, prend alors forme en cet instant torturé.

« Une idée cocasse, une bribe bleue ou un cri vient à soudain me faire face, le souvenir ressurgit.
Du fin fond d’un cœur tendre, qui remonte endurcit, je cesse de me méprendre.
A force d’horizons et de ne faire qu’attendre, la grimace effrayante me nargue en prenant vie. »

Personne ne saurait en prendre note, si ce n’est les belles âmes qui parfois croisent nos routes mais toujours trop rarement. Le visage impassible ou bien froid, ou bien triste, ou bien joyeux, reste quoi qu’il en soit de circonstance. La grimace n’est perceptible qu’à moi-même, à mes chimères, à mes peurs, à mes angoisses. Elle rappelle par l’esprit et l’humeur, ce qui jadis me remontait du cœur à en vomir des larmes.

Cette jeune femme, collègue pour quelques mois, me fait une impression trop empreinte d’espoirs pour que ce soit mon cœur qui parle.

Ce soir je suis las, mais garde l’énergie saine des conneries épurées.

mercredi 3 février 2010

La revanche des rêves




Parfois je m’aperçois que celui qui dort dans mon sommeil ne connaît rien de mes rêves.

J’aimerais lui foutre mon pied au cul !
Pas foutu de vivre la moitié de mon temps disponible.
Comme si on était obligé de se préparer à la mort à chaque nuit qui vient !
Se laisser aller dans le grand vide.

Pourtant il ne se gène pas pour m’en envoyer des signes pendant les jours ce faignant. Il fait semblant d’avoir tout suivi du film qui s’est déroulé une nuit, ou l’autre…puis il me balance comme ça une chose ou une autre, sans plus d’explication.
Et il fait des sacrés mélanges ce con !
C’est un artiste à sa manière : sans mode d’emploi et avec tout le flou qui va bien.

Encore l’autre jour, il m’a projeté à l’esprit la vision d’une si charmante créature, et lancé dans le ventre tout ce qui allait avec de sentiments, que j’en aurais cru que je l’avais rencontré cette jeune femme. Assurément j’en rêverais ! Ya pas à dire, il a réussit à me perturber. Etonnamment je suis certain de ne jamais l’avoir connue cette fille, et je ne vois absolument pas quel mélange j’ai pu faire pour aboutir à une telle création. J’ai eu beau cherché, pas moyen de mettre la racine d’un cheveu sur les secrets de cette Pandore.

Rapidement, elle s’est même évanouie de mes pensées à mesure que je courais après elle mentalement. J’ai seulement eu le temps de me confirmer tout ce qui me fascinait dans son image, cherchant à bien garder en tête cette incandescence de beauté.
Mais il ne me reste d’évanescent qu’une vague piste égarée, comme à chaque fois qu’il n’y a pas moyen de remettre l’esprit sur le prénom de celui ou celle à qui l’on voulait s’adresser, jusqu’à oublier ce qu’on voulait lui dire.
.
Ainsi les rêves me narguent même en plein jour. Ils se rappellent à moi pour mieux s’évanouir en fumée. Mais que se passe-t-il donc dans les bras de Morphée pour qu’il soit si jaloux de mes secrets ?

De cet instant je ne garde en mémoire que la certitude qu’il existe, quelque part dans mon esprit torturé, une femme dont peut-être je pourrai reconnaître les traits un jour où je serai en phase avec l’instant, mais toujours fidèle à moi-même.

Mais comment se fait-il alors que je ressente toujours cet amour et se manque de A., chaque jour qui passe. Hanterait-t-elle mes nuits ?

Parfois je m’aperçois que je vis endormi, à défaut de rêver éveillé.

Presque vivant

Découvrez la playlist Presque vivant avec Nina Simone


Jeudi 28 janvier:

Presque cette impression d’être vivant, en sortant du cinéma ce soir.
Cette impression subreptice qui vous prend l’âme comme les impressions de déjà-vu.
Mais impossible de savoir ce qui est au final la cause de mon émoi, ce qui me touche en cet instant.
L'abandon peut-être ?
L'abandon enfin ?

Serait-ce ce qui m’a touché du bout des synapses ?

Serait-ce la frustration de ne pas avoir saisi ce qui passait, aussi complètement que l’aurait voulu l’âme de petit garçon qu’il y a au fond de moi ?

Cette fois cela sentait l’espoir de s’en sortir.
Sortir du carcan des idées mortes, mais lourdes comme des cadavres.
Je suis parfois le Colonel Chabert de ma vie !

Alors je ressasse encore et encore les mêmes souvenirs, ces impressions tronquées par la douleur et le désespoir.
Je bloque vainement sur ces feuilles mortes en croyant mordicus avoir affaire à l’arbre.
L’automne n’est pas beau à voir quand on n’a pas l’âme à la désuétude. Ou peut-être l’hiver, je ne sais plus…
Il y a de ces déclics d’abandon qui montrent trop cruellement qu’on ne tient bien souvent pas à la vie de la bonne manière.

L’apaisement si viscéralement recherché me poussait déjà dans mes jours sombres il y a bien longtemps à croire de loin en la vertu du suicide.

Conneries de romantiques !



Longtemps je croyais, et je le crois toujours au fond de moi, que les enfants étaient heureux car bien loin de ces préoccupations existentielles.
Mais c’était une erreur de ma part.
Du peu que mon esprit me laisse m’en souvenir, j’ai toujours eu ces tensions internes. Voilà pourquoi j’attends tellement de ces années que je vie.

Et si mon histoire avec A. m’a montré à quel point on pouvait passer au-delà de ces questions triviales, je m’en suis tellement délecté que je me suis reclus, loin de ce qui faisait mon terreau premier, loin de mes nourritures terrestres.
Croyant échapper à cette quête incessante, à cette cause de tant d’inadaptations à ce cher monde qui m’entoure, la musique tout comme la quête du beau ont fané sur mon arbre, et moi avec.

Nous sommes des saules pleureurs qui par moment, avec la complicité du vent tempétueux, mélangeons nos feuilles en parfaite harmonie pour mieux assourdir nos peurs premières.
Wild is the wind !

mardi 26 janvier 2010

Manifeste du mauvais Sylvio

Tout d'abord pour cette playlist, merci d'exercer votre sens critique tout seul...
Découvrez la playlist Manifeste du mauvais Sylvio avec Nada Surf



Ce manifeste sous forme de petite histoire fait écho à celui du parfait salop et ne pourrait être compris autrement.


Petit préambule : j’écris volontairement salop et non salaud, par volonté de rappeler ce qu’on a tendance à ne mettre que sur le dos des femmes dans ces trahisons et parce qu’on ne parlera pas de salaude. Or je voudrais ce débat universel, quand bien même nous discutions de relations homosexuelles. Rien dans tout cela n’est inné, tout n’est que fait social et vécu personnel.


Un nouveau jour gris qui faisait encore douter qu’il s’était levé, le Golem s’exclama en son fort intérieur. C’est ainsi que naquît cette conversation inédite qui mobilisait les pensées plus ou moins inavouées de Sylvio, Luc Pierre, le Golem, et Freud qui passait par là.
Ce manuscrit, retranscrit par un lâche scribouillard qui décidément n’avait pas d’entrain pour travailler, à moins que ce ne soit du courage qui lui manquait, fût parait-il, retrouvé à côté d’un petit tas d’argile et d’une corde au nœud déjà trop coulant…

« Ainsi le Golem se lança, grandiloquent :

- Je vais t’en donner du Sylvio, je vais te montrer qu’il est lâche et vain d’être un salop, fût-il parfait, Monsieur Pierre !

C’est à ce moment que Sylvio qui avait trop longtemps contenu à l'insu de ce monde sa sourde vérité, s’emporta :

- Je ne vous fais pas ouvertement rêver Mesdemoiselles, du moins pas avant de me connaître.
Je ne suis pas le playboy qui attire de par son assurance manifeste.
Ma maladresse ne sait trahir que l’importance que l’on peut avoir à mes yeux.
Je suis celui qui te fait pitié quand tu n’es pas même capable de voir que tu es tout autant pour moi la caricature de ce que je trouve abjecte!
Je suis celui dont tu imagines la vie pour moins te trouver vide!
Pour autant je ne suis pas le Prince Charmant, ou du moins pas plus que toute personne sur cette Terre qui puisse correspondre à une autre.

La nonchalance parfois méprisante des salops, que certains ou certaines croient être positivement contagieuse, et espèreraient même pouvoir attraper comme on chope la syphilis, n’est en réalité qu’un miroir de leur manque de confiance en eux qu’il me blesserait de leur montrer trop violemment ou avec un mépris souverain comme certains indélicats ne se privent pas de leur manquer de respect. Et c’est bien cette violence qui pourrait pousser certains « amis » à me menacer de me tuer si je faisais du mal à ma compagne. C’est bien cette violence ambiante qui fait croire au parfait salop que c’est la seule façon raisonnable d’agir pour vivre au mieux!

J’aimerais renforcer mon estime de moi aussi facilement qu’un Luc Pierre libidineux lâché dans une soirée, mais j’ai du reste pour moi plus de respect si je suis en mesure d’en avoir pour les autres. La vie comme le temps viennent déposer trop souvent les malentendus comme un linceul sur les histoires. Je ne suis pas pressé de jouer de la faucheuse sur ma vie en niant l’altérité dans mes amours. M’enfermer dans une solitude affective perpétuelle trop éclairée par les manques que je ne ferais que reproduire, à chaque nouvelle conquête, ne serait que pulsions destructrices!



Alors que Sylvio commençait à prendre un peu trop en pitié son salop à force d’en parler, Luc Pierre the famous s’enorgueillait dans un nouveau billet de la visite fulgurante que ses frasques suscitaient :

- Mais au fait, s’exclamait le petit Luc Pierre, mon blog est number one !

- C’est parce qu’il fait appelle à la palette des désirs plus ou moins refoulés qu’il y a au fond de chacun d’entre nous, lui répondît nonchalamment Freud, excédé, en retournant se pogner au paradis, convoquant une fois de trop pour l’évoquer dans ces lignes des images érotiques d’un autre temps. Mais en aucun cas parce qu’il révèlerait les aspirations ou dégouts profonds de chacun, reprit l’analyste. Il évoque à chacun son rapport à l’amour, à la vie et aux rapports humains, au travers de la sexualité, et c’est tout ce qu’il questionne. Il est trop facile de confondre désirs et aspirations mon petit, sauf pour haranguer les badauds. Tu es populaire, là tu as ce que tu veux? Quand tu jouiras de t’enfoncer un pied de chaise dans l’cul en feignant de déféquer, là tu pourras atteindre le niveau de ma première patiente. Pour le moment on dirait que tu cherches Maman !


Alors le Golem alla prêcher dans son désert :

- Grand bien vous en fasse de maudire après coup le salop que vous avez laissé vous prendre dans ce bar : le maudire de vous être laissée prendre … pour une conne bien sûr.
Mais merci à toi Luc Pierre de t’être mis à jour pour mieux montrer ce que peut être un salop, et implicitement que chacun peut faire des erreurs et avoir ses propres faiblesses, jusqu’à même se construire un personnage pour se les justifier.
Grand bien t’en fasse de te sentir mieux en agissant de la sorte, mais cela n’appartient qu’à toi de t’enfermer dans un tel fonctionnement, et je plains les victimes de ton hypocrisie en pensant avec aigreur par exemple à ton plan cul du nouvel an, totalement manipulée.

Quand n’auras-tu plus envie de détruire quelque chose de beau, mais de prendre ta vie en main plutôt que tes couilles ?

Arf… mais je sais bien qu’au fond, tout le monde se déplace sur cet éventail déployé entre deux opposés d’apparat.
Tout en nuances, nous nous balançons dans la lueur des chambres noirs, changeant de personnage tour en tour dans le cliché de nos vies.
»

Une inconnue au doux visage

Croisements de regards.
Plusieurs fois.
De beaux yeux dont je ne saurais pourtant me souvenir la couleur.
Un doux visage dont je ne saurais pourtant me souvenir les traits précis.

Ma mémoire a la cataracte : elle laisse moribonds mes souvenirs se voiler.


Alignements de tables et grappes d’étudiants.
Deux jolis spécimens se détachaient de la scène à mes yeux, ou plutôt un.
Un petit grain de raisin blanc, à quatre pas de ma respiration, à portée de voix pour peu que je m’en donne le souffle.

Je reconnaissais dans ses traits avec une précision assoiffée les chemins sur lesquelles je rêvais m'enivrer.


Nous flottions dans la douce banalité des endroits fréquentés, où quoi qu’il s’y passe personne n’est en un même lieu, tellement chacun y a dessiné sa propre histoire à force d’y poser ses yeux.
Nous nagions chacun dans notre occupation, l’esprit reprenant parfois son souffle à la faveur du vis-à-vis. D’abord avec nonchalance, puis jusqu’à soutenir le regard capté pour l’occasion.
Je n’avais toutefois et à mon grand désespoir rien de mieux à offrir ce jour là que le doux abandon de celui qui s’enfuit, par pudeur résignée de ne pas forcer l’instant quand il n’y est pas prêt.

Ce supplément de génie qui illumine les moments importants d’une vie ne se commande pas. Il est là, ou non.


Alors je persistais, toujours absorbé par une occupation sans importance, l’observant par instants, jusqu’à faire front à ses beaux yeux noisettes.
J’étais bercé par cette douce langueur, mais toujours abruti par mes chimères.
Et toujours, le génie n’était pas dans cet endroit fréquenté.

Pourtant elle me rendait avec délicatesse mon regard qui s’était égaré sur le sien. Mais pas moyen de s’en emparer comme on chasse un trésor, avec courage, ruse, et surtout beaucoup de chance.


Enfin il suffit de seulement quelques secondes pour que mon départ, pourtant savamment ralenti, ne parviennent pas même à susciter de sa part la moindre inclinaison de la tête pour s’enquérir de ma personne.
S’en était fini de cette idylle.
Je ne la recroiserai plus que pour mon enchantement.

J’espère que demain je me souviendrais de mes rêves.

jeudi 14 janvier 2010

Rencontre

Teint clair, cheveux noirs attachés, grand sourire, gilet bleu qui laisse entrevoir une chemise blanche à rayures bleues, le tout surmonté, on dirait, par de profonds yeux noirs…

Une allure élancée, quelque peu avachie sur la table, à expliquer de la comptabilité d’entreprise semble-t-il à sa collègue de table.

Je croquerais bien cette oreille !

Tellement absorbée dans leur discussion technique, elle ne remarque même pas son prédateur, moi, qui ne se retiens pas vraiment de l’observer. Je suis enfermé dans cette cage du sur-moi, dont les barreaux froids me retiendront à coup sûr de tenter quelque approche que ce soit.

En réalité je me laisse séduire plutôt par l’inconnue. Ca doit faire partie du sevrage progressif lié au deuil. Il n’empêche que l’idée de l’embrasser lentement, de lui caresser doucement le visage du dos de la main en la regardant tendrement, ou de glisser doucement mon visage le long de sa joue, s’abandonnant dans de doux baisers déposés dans son cou après s’être enivré de son parfum, toujours trop féminin pour laisser insensible, m’attire immanquablement.

Mais elle a beau être brune, ou correspondre dans l’ensemble à mes canons de beauté, je ne crois pas qu’elle ne m’attire vraiment en réalité. Je projette encore sur une nouvelle inconnue fantasmée les reflets obstinés d’un amour déchiré.

Dix minutes plus tard, elle n’est même plus subjuguante.

Je ne suis pas encore capable d’aimer à nouveau, le cœur ouvert.

Je ne l’aurais pas croisée assez vite pour l’enfouir dans la fosse de l’idéal.

Il n’empêche, elle continuera de m’obséder, le temps que je me décide à fuir dans ma vie. C’est une drogue dure que d’aimer quelqu’un : en manque, on prendrait n’importe quoi pour approcher ne serait-ce qu’un peu ce que l’on ressentait en période de shoot.

Vivement le sevrage…et la prochaine dose !

dimanche 10 janvier 2010

J'aime les femmes

Découvrez la playlist sinnerman avec Nina Simone

J’aime les femmes.

Je suis complètement subjugué par cette beauté qui émane de leurs allures, visages, ou seulement d’un sourire le plus souvent.


Vous savez, ce blocage fasciné, comme un chat face à un oiseau : impossible de détourner les yeux, et la seule chose qui peut vous sortir de la gueule est une sorte de bégaiement qui vous ferait passer pour épileptique.


Bien sûr je n’ai pas d’attirance pour le commun des mortelles, ou le tout venant des rues grouillantes.

Pour tout dire, je crois même qu’il m’arrive de voir la beauté dont je parle dans le visage d’hommes, même si jamais la paralysie afférente ne s’est manifestée.


Curieuse chose que la sexualité.


J’aime les visages en général. Si je le pouvais, je crois que je les collectionnerais, avec leurs expressions saisies comme les gouttes de bruine qui s’abattent parfois dans les rues bondées.

Beaucoup sortent leurs parapluies à peine sont-ils sur la place publique. Ils se protègent d’autrui comme on se protège de l’eau.

J’aimerais collectionner les visages saisis comme on reçoit les gouttes : avec la délectation du hasard et de l’inconnu.


Mais ce n’est pas des visages des rues dont je souhaite vous parler.


Je parle des amours d’un instant, fugaces et parfaits.

Frustrations magnifiées par l’inconnu fuyant de l’inconnue fuyante dans les bains de foules, le temps d’un ébranlement de l’être, le temps de l’impuissance.

Elles passent, comme des proies guettées qui sauraient terriblement qu’elles ne risquent rien du prédateur, ce mâle tétanisé par la fuite du temps.

On ne sait que l’on est face à l’amour que lorsque l’on ne se pose plus la question.

Mais le temps ne s’arrête malheureusement pas toujours pour nous laisser le loisir de nous interroger.



Il faut que je sorte, que je m’aère l’esprit.


De grâce, vous que je vais croiser, aimez-moi comme je vous aime : au fil du hasard, au détour d’une averse.


Un chapeau vissé sur la tête, un appareil photo à portée de patte, la déambulation un peu vide des jours seuls...


J’aime les femmes, mais la mienne est partie.



Il faisait froid

Vendredi 8 janvier

Découvrez la playlist Obsèques avec Luz Casal


Quelle musique voudriez-vous que l’on passe à vos obsèques ?

J’avais pensé à du Mano Solo, aux Doors… mais au fond peu importe, l’important c’est ceux qui restent.

Quand on aura pris tout ce qui pourra servir, faites le cérémonial pour me dire au revoir. Les vers n’en auront que moins à bouffer, et j’espère que vous aurez l’énergie de me rejoindre le plus tard possible !


La cérémonie était très bien, l’adieu à une Maman.

Jamais facile.

Quelques morceaux de guitare pour essayer d’y trouver encore de la beauté. Les au revoir sont toujours plus beaux en musique.

Le blisard remplis de neige nous a saisit à la sortie de l’église. La tempête avait décidé de rendre la scène plus théâtrale. D’ordinaire, il ne neige presque jamais par chez nous. D’ordinaire, on n’enterre pas sa Maman. Même les brèves retrouvailles avec les anciens copains, venus pour l’occasion, avaient l’air de faire partie du cérémonial.

Rien à dire, seulement être là.

En quittant le cimetière enneigé, Mathieu aura ces mots :
« Et dire qu’elle était frileuse ! »

mardi 5 janvier 2010

Adieu Madame

Lundi 4 janvier


Retour en cours.

Ah le plaisir indicible que de se sentir compris par mes interlocuteurs quand j’évoque mon sujet de stage, ou celui que j’envisage pour ma thèse.

Les monnaies complémentaires ou l’exclusion des jeunes en milieu rural sont enfin dignes d’un intérêt non feint, et la présentation de mes turpitudes méthodologiques n’effraye pas.


Il flotte dans l’air une concentration de tensions, une énergie bonhomme qui me booste d’excitation.

Je fais en sorte de me maîtriser pour ne pas être trop lourd, mais j’enchaîne les interventions qui font rire l’assemblée prof compris, et parviens même à faire accepter à ce dernier sans m’en rendre vraiment compte que l’exercice qu’il nous demandait n’était pas du tout rigoureux et devrait être proscrit en situation professionnelle.


Petite pause de milieu de cours.

Message de Mathieu sur mon portable : Tu m’avais souhaité bon courage avant-hier apprenant l’hospitalisation de ma Maman… et bien elle est partie, ce midi.


La bienséance sociale a mué mon choc en mutisme, et ce n’est que quelques heures plus tard, dans la solitude de mon appartement fraichement emménagé que l’onde est retombée.

Et j’ai chialé, dans des convulsions entrecoupées de bâillements.

Un curieux mélange de rires, de spasmes et d’envies de vomir : les pleurs si souvent espérées dernièrement pour extirper la tristesse de mon être gisaient à l’air libre.


Je n’avais vu sa mère que quelques fois, mais j’avais d’elle l’image douce de la petite Maman, rappelée souvent par les tendres évocations de son unique rejeton.

Bourrin (surnom pour le moins antinomique quand il évoquait sa mère), est pour moi très proche.

A certains égards je l’aime comme un frère, même si je crois bien n’être qu’un de ses amis.

Le décès de sa mère m’a touché, comme une douleur qu’il m’était profondément triste de le voir affronter.


Interloqué, l’angoisse de l’absence d’A. n’avait plus le même sens.


La vie a parfois l’art de vous retourner les choses, de vous aider à prendre conscience d’elle-même, de vous balancer cette gifle.

Celle que l’on arrive jamais à se donner suffisamment forte quand on essaye soi-même de se sortir du voile de l’habitude, de l’ennui ou des chimères déposés comme un limon sur les jours qui passent.



Adieu Madame, mais à Vendredi.

Comme un lendemain

Samedi 2 janvier

Matin :

Le temps d’un café place des Lys, je retrouve N., l’Amour d’une époque révolue.

Je crois que je l’aime un peu comme une sœur, même si je pense n’être pour elle qu’un ami lointain.

Elle semble avoir pour moi une tendresse qui à sa simple évocation entraînerait le suicidaire romantique à passer à l’acte, rien que pour la beauté de l’imaginer le pleurant, l’aimant dans un instant immortalisé.

J’aurais souhaité évoquer notre séparation, pour comprendre et comparer avec A. aujourd’hui.

Je me rends compte de l’ineptie d’une telle entreprise en entamant mon deuxième croissant et laisse filer la conversation.

Je voudrais pourtant exorciser mon manque.


C’est en quittant le bar qu’elle me demande finalement qu’est-ce qui s’est passé avec A., avec les pincettes d’usage s’assurant que je veuille bien en parler.

La situation me force à la concision, et je réussis à dévier légèrement vers une comparaison avec l’histoire que nous avions en commun, inscrite à jamais dans nos lignes profondes respectives.

J’avais peur de m’engager, me dit-elle.

Cette phrase me surpris, et lui évoquant vaguement mon idée de surprendre A. en me présentant à elle, N. me rappelait à quel point mon côté « Superman » qui débarque de nulle part peut faire peur.

Retour à la case départ, en suspens.



Soir :


Rendez-vous pris avec Bourrin pour siroter un bon whiskey dans notre ville d’enfance, les vacances chez les parents étant toujours plus propices aux retrouvailles entre amis.

Lui, au moins, il va pouvoir m’aider à vomir mon marasme, à lire dans le marre de café.

J’aborde assez rapidement que je n’arrive pas à me sortir de la tristesse de ma situation avec A., et constate à moitié désespéré le peu d’effet sur mon interlocuteur.

J’en viens même à faire le lien entre ma morosité et la tournure maussade qu’aurait pu achever de prendre notre rencontre.

C’est sur mon sujet de stage, les mécanismes de l’exclusion des jeunes en milieu rural, que je vois que l’on peut toujours refaire le monde sans rien changer avec Mathieu, sûr que l’amitié rendra toujours l’instant vrai.

Il continuait à son insu de me renvoyer en miroir mon état d’esprit.


Puis il évoqua le décès rapide du père de sa femme (Bourrin n’est pas marié mais c’est tout comme) il y a 2 mois, celui de sa grand-mère il y avait quinze jours, et l’hospitalisation de sa mère une semaine auparavant.

Il achevait de me rendre con.

New year's Eve

1er Janvier.

La grande mascarade des faux vœux mielleux échangés avec des amis de circonstance est passée d’environ 2 heures.

Je m’emmerde solidement, malgré mes efforts de socialisation répétés sur fond de musique de merde.

Je suis entouré de gens qui sont plutôt sympas, et avec qui je pourrais peut-être partager un moment.

Mais nous sommes dans une soirée du 31, et je me sens profondément seul dans mon addiction à la beauté, à l’idéal et à mon Amour pour A.


Une fois de plus, les Doors n’auront pas dansé dans mes oreilles pour célébrer le nouvel an, et mon envie de me la coller au whiskey sur fond de Tom Waits ne rencontre que des étourneaux affolés qui se cachent tant bien que mal de leurs chimères en se trémoussant, du vin et du punch dans les veines.

Je me retrouve ainsi, désespéré de ne pas avoir emmené avec moi mes écouteurs pour m’isoler au moins l’espace d’un morceau, à lire une nouvelle de Borges en plein milieu du salon.


Heureusement pour moi, mon ostensible emmerdement ne semble pas gâcher la fête, et Sophie sait bien ma tristesse.


Arrive alors ce que j’attendais profondément : quelqu’un (en l’occurrence Mathias) vient me parler et réussit à m’interpeller.

Il me demande qui dans l’assemblée du moment j’aurais bien baisé pour me détendre, cherchant en particulier à me refourguer sa copine déguisée en transsexuelle.

Pas moche et un charme concentré dans le sourire, Charlotte qui se proclame fille facile aurait pu m’attirer malgré un regard trahissant un mal-être compliqué et son absence de poitrine contraire à ce qu’aurait pu suggérer le reste de sa physionomie.


Mais voilà, Mathias m’aura fait réaliser malgré lui, qu’en dépit d’une libido bouillonnante, je ne rêvais toujours et plus que jamais que d’A.

Renouvelés et enfin assouvis, nos désirs s’expriment dans mon imagination.
Enfin je vois ce qui nous manquait.

Je commence à percevoir la simplicité des pulsions, leur expression évidente dans l’amour charnel.

La lourde stèle que nous avions posée par résignation sur notre vie sexuelle commence à se fissurer.

Mais alors je ne peux pas quitter A.!

Je ne peux pas lui envoyer une lettre pour la nouvelle année, écrite avec l’espoir d’y mettre la beauté létale du romantisme en guise de requiem pour notre histoire.


Mathias m’achève en me faisant passer l’idée qu’au bout du compte elle n’attend qu’une chose : que je la prenne par les reins !


Le viol n’étant pas ma tasse de thé, je touille tranquillement l’idée dans ma tête.

C’est décidé : avec le courage du désespoir j’irai la voir dans les prochains jours et l’embrasserai avec tendresse et assurance, quitte à insister si elle se dérobe !


Mathias, autant qu’un certain salaud, finissaient par me convaincre.

Coin de cheminée

Vendredi 1er janvier

Longue discussion avec Sophie qui conclut à la renonciation inéluctable à mon histoire avec A., du moins avant plusieurs mois.

Nous sommes le 30, et le ton est à la connivence des soirées de coin de cheminée.

Il n’y a pas de cheminée dans cet appartement parisien.

Je me suis toujours dis que je considérais Sophie comme une sœur, même si je crois bien que pour elle je ne suis qu’un ami.

Dans le train

Mercredi 30 décembre


Dans le train me menant à Paris pour passer le réveillon, une strophe me vient :


C’est fini : surement
C’est fini : peut-être
C’est fini : je ne peux
C’est fini : en suspens



Cela résume assez bien mon état d’esprit face à mon obsession : A.

Je ne sais pas si elle est ma Benedicta, et si je finirais par rester attaché à la fosse de l’idéal, mais elle berce encore mes songes éveillés, mes nuits ne me laissant malheureusement entrevoir leurs beautés que par les réminiscences des déjà-vus : je ne me souviens pas de mes rêves.