"Il faut avoir encore quelques chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse." F. Nietzsche


jeudi 18 février 2010

Contine

Pas même de contine à hurler au soleil quand le jour en vient à se lever.
De bon matin, m’en vais bosser.

Le chemin du travail, pourtant nouveau et accueillant, a toujours ce goût de déjà-vu des souvenirs pantelants. De ceux qu’on ramène derrière la conscience comme une mèche de cheveux désinvolte. Ne pas se voiler la face, juste la promener.

Ce matin je suis content et plein d’espoir.

La journée s’étire dans de vives courbatures mentales provoquées par le fait de travailler de nouveau. Mais peu m’importe, ce ne sont qu’efforts bénéfiques : j’ai une place dans cette structure fort sympathique, et mes collègues sont très gentils.

Et ce n’est pas la charmante jeune femme dont je partage pour quelques jours le bureau qui me poussera à dire le contraire. J’ai vu dans ses traits les vieux contes que je me racontais bien trop maladivement en ces temps où je me droguais aux espoirs idiots. Je me perdais dans ce monde de possibles dans lequel on se noie d’incartades en fausses pistes et que l’on remplit d’un trop plein de vide.

Je suis très émotif en ce moment. Je ressens à fleur de peau les écorchures des altercations urbaines anodines. Ces exutoires pour mes con-citadins sont pour moi des blessures que j’ai toujours du mal à soigner. L’indifférence me ronge quand elle ne trouve que la haine gratuite pour ne pas s’avouer.

Puis soudain, un bourdonnement d’émotions résonne comme une illusion perdue.
Au milieu de la rue ou serait-ce au bureau, une perruque tombe de la conscience.
Le temps ne s’arrête pas, il ramollit.
Une vague contine, ou ne serait-ce que des mots, prend alors forme en cet instant torturé.

« Une idée cocasse, une bribe bleue ou un cri vient à soudain me faire face, le souvenir ressurgit.
Du fin fond d’un cœur tendre, qui remonte endurcit, je cesse de me méprendre.
A force d’horizons et de ne faire qu’attendre, la grimace effrayante me nargue en prenant vie. »

Personne ne saurait en prendre note, si ce n’est les belles âmes qui parfois croisent nos routes mais toujours trop rarement. Le visage impassible ou bien froid, ou bien triste, ou bien joyeux, reste quoi qu’il en soit de circonstance. La grimace n’est perceptible qu’à moi-même, à mes chimères, à mes peurs, à mes angoisses. Elle rappelle par l’esprit et l’humeur, ce qui jadis me remontait du cœur à en vomir des larmes.

Cette jeune femme, collègue pour quelques mois, me fait une impression trop empreinte d’espoirs pour que ce soit mon cœur qui parle.

Ce soir je suis las, mais garde l’énergie saine des conneries épurées.

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