"Il faut avoir encore quelques chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse." F. Nietzsche


mardi 26 janvier 2010

Une inconnue au doux visage

Croisements de regards.
Plusieurs fois.
De beaux yeux dont je ne saurais pourtant me souvenir la couleur.
Un doux visage dont je ne saurais pourtant me souvenir les traits précis.

Ma mémoire a la cataracte : elle laisse moribonds mes souvenirs se voiler.


Alignements de tables et grappes d’étudiants.
Deux jolis spécimens se détachaient de la scène à mes yeux, ou plutôt un.
Un petit grain de raisin blanc, à quatre pas de ma respiration, à portée de voix pour peu que je m’en donne le souffle.

Je reconnaissais dans ses traits avec une précision assoiffée les chemins sur lesquelles je rêvais m'enivrer.


Nous flottions dans la douce banalité des endroits fréquentés, où quoi qu’il s’y passe personne n’est en un même lieu, tellement chacun y a dessiné sa propre histoire à force d’y poser ses yeux.
Nous nagions chacun dans notre occupation, l’esprit reprenant parfois son souffle à la faveur du vis-à-vis. D’abord avec nonchalance, puis jusqu’à soutenir le regard capté pour l’occasion.
Je n’avais toutefois et à mon grand désespoir rien de mieux à offrir ce jour là que le doux abandon de celui qui s’enfuit, par pudeur résignée de ne pas forcer l’instant quand il n’y est pas prêt.

Ce supplément de génie qui illumine les moments importants d’une vie ne se commande pas. Il est là, ou non.


Alors je persistais, toujours absorbé par une occupation sans importance, l’observant par instants, jusqu’à faire front à ses beaux yeux noisettes.
J’étais bercé par cette douce langueur, mais toujours abruti par mes chimères.
Et toujours, le génie n’était pas dans cet endroit fréquenté.

Pourtant elle me rendait avec délicatesse mon regard qui s’était égaré sur le sien. Mais pas moyen de s’en emparer comme on chasse un trésor, avec courage, ruse, et surtout beaucoup de chance.


Enfin il suffit de seulement quelques secondes pour que mon départ, pourtant savamment ralenti, ne parviennent pas même à susciter de sa part la moindre inclinaison de la tête pour s’enquérir de ma personne.
S’en était fini de cette idylle.
Je ne la recroiserai plus que pour mon enchantement.

J’espère que demain je me souviendrais de mes rêves.

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